Jeunes, sports et savoir-être en entreprise

Publié par Gwenaëlle Hamon le 29 mai 2024

Faire du sport pour trouver un emploi, c'est ce que propose la mission locale Sud Isère pour des jeunes résidant en quartier politique de la ville. Pour vaincre les freins et difficultés pour s'insérer dans le marché du travail, cette mission locale propose le module "coup de pouce vers l'emploi" en s'appuyant sur les pratiques physiques et sportives pour sauter le pas de l'insertion.

Auriane Poillet - ville de Grenoble
@AURIANE POILLET

Les jeunes accompagnés par la mission locale Sud Isère ne maîtrisent pas toujours les codes de l’entreprise. Ces codes sont souvent communs au domaine sportif auquel les jeunes sont réceptifs. L’idée a donc germé de créer en 2010 un accompagnement collectif et innovant qui mêle durant une semaine apports d’informations, témoignages d’acteurs, simulations d’entretiens, coaching individuel et… pratiques sportives : le module « Coup de pouce vers l’emploi : vecteur sport ».Quatre modules sont réalisés annuellement sur trois sites de l’agglomération grenobloise (Échirolles, Pont-de-Claix et Eybens), au bénéfice d’une quarantaine de jeunes majoritairement âgés de 18 à 21 ans, avec un faible niveau de qualification et résidant en quartier prioritaire. Le contrat de ville de Grenoble Alpes Métropole est co-financeur de la démarche. Une attention particulière est portée aux filles, souvent éloignées de la pratique sportive.

Identifier les parallèles entre les codes de l’entreprise et les codes sportifs

On constate parfois chez les jeunes suivis par la mission locale certaines formes de repli et de méfiance qui peuvent être liées à un sentiment d’exclusion. L’enjeu est de leur faire reprendre confiance (en eux et en autrui), de les redynamiser et les amener à appréhender les exigences des futurs recruteurs. La pratique sportive les aide à exprimer leurs doutes, valoriser leurs qualités et agir dans un contexte régi par des règles. Les activités proposées sont très variées. Parmi celles-ci, l’escalade et la boxe, qui requièrent confiance, respect de l’autre, dépassement de soi et goût de l’effort. La pratique n’est pas imposée mais chaque jeune est invité à s’investir à sa manière. Ainsi, celles et ceux qui ne sont pas à l’aise avec l’escalade peuvent, par exemple, sécuriser ou supporter leurs camarades. Durant la semaine, sont également abordées les questions périphériques qui peuvent freiner l’accès à l’emploi telles que la discrimination, le droit du travail, de la santé et l’hygiène de vie. À l’issue du module, un bilan est fait avec l’animatrice, le jeune et son conseiller. En 2015, l’action a totalisé 56% de sorties positives1 . Au-delà des chiffres, on constate un changement d’état d’esprit individuel radical entre le lundi matin et le vendredi après-midi. De plus, l’approche collective qui freine a priori les jeunes, crée finalement une émulation que certains d’entre eux prolongent sous diverses formes (club, réseau-soutien).

Faire réseau et mettre en lumière le parcours d’autres jeunes

Tous les conseillers de la mission locale sont impliqués, que ce soit en qualité d’intervenant ou de prescripteur. Le pilotage du module est confié au service emploi, de manière à faciliter le lien avec le monde économique. Des parrains et des représentants d’entreprises sont sollicités pour conduire les simulations d’entretiens ou raconter leur expérience. Des jeunes créateurs d’activité ou inscrits dans un projet d’insertion sont aussi mobilisés afin de mettre en lumière des parcours auxquels le public peut s’identifier. L’activité boxe est ainsi encadrée par l’animateur sportif de la ville d’Échirolles qui a été recruté en emploi d’avenir et qui est issu d’un quartier. Le spécialiste en communication accompagnant le groupe est quant à lui un jeune coach qui exerce par ailleurs une activité de préparateur mental auprès de sportifs professionnels.

 

••• Cet article est extrait de la revue Les cahiers du développement social urbain n°63, "Le sport, nouvelle recrue de la politique de la ville ?", accessible gratuitement sur cairn.info


1 - Part des jeunes en CDI, CDD de plus de six mois ou en formation, trois mois après la fin du module

À propos de l'auteur

Gwenaëlle Hamon

Gwenaëlle Hamon est responsable du service emploi et relations aux entreprises au sein de la mission locale Sud Isère.

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