Les postures professionnelles dans le champ du sport dans les quartiers prioritaires

Publié le 9 novembre 2020

Le sport dans les quartiers prioritaires peut être porté par des femmes et des hommes qui militent pour une cause en utilisant le sport comme moyen d’y parvenir. Ces individus ressentent viscéralement ou par empathie très prononcée des phénomènes d’exclusion, voire de discrimination, souvent parce qu’ils en ont subis, ressentis, observés. De ce fait, ils vont tenter de réunir les conditions pour que le sport génère des expériences concrètes de mixité (sociale, de genre, ethnique et territoriale) et développer des actions à des fins de prévention et/ou d’éducation sur des thématiques sociétales (tolérance, lutte contre les discriminations, égalité filles-garçons, etc.).
 

Les idées et propositions qui suivent sont issues des participant.e.s aux ateliers collectifs de la journée du 9 mars 2017, intitulée Vers un sport qui lutte contre les discriminations, première journée du cycle d’échanges « Sport et quartiers » organisé par Labo Cités de 2017 à 2019.

Les postures professionnelles dans le champ du sport
© Sylvain Brun - Labo Cités

L'éducateur.trice sportif.ve. fait souvent figure d’exemple (voire de « mentor ») pour le jeune, à côté de sa cellule familiale. Ainsi, il.elle se trouve parfois dans un dépassement de fonction car il .elle en vient à conseiller le jeune sur d’autres sujets que le sport (recherche d’emploi, question médicale, relationnelle...). Il.elle peut également incarner, par son profil et son parcours, une personne qui a confiance en elle, et ainsi transmettre responsabilisation et autonomie grâce au sport en luttant contre les freins psychologiques, l’autocensure, la peur de sortir du quartier...
Cependant, il faut veiller à ne pas tomber dans une relation trop proche, qui pourrait s’apparenter au syndrome du grand frère ou de la grande sœur. Afin de minimiser ce risque, une des solutions est de permettre aux jeunes d’être accompagnés par plusieurs éducateurs.trices.

Il ressort des échanges de la journée du 9 mars 2017 plusieurs propositions sur les postures professionnelles qui pourraient être adoptées :

  • Que les entraineur.e.s, les éducateurs.trices et les dirigeant.e.s soient des accompagnateurs.trices et des facilitateurs.trices. Il s’agit d’abord de faire un travail sur la posture : apprendre à repérer s’il y a bien une intégration de chacun.e dans une équipe, un groupe, un réseau de pratiquant.e.s… même modeste. Ce qui signifie adapter sa posture pour répondre aux difficultés qui se posent : la communication avec des publics jeunes qui ne parlent pas le même langage et n’ont pas les mêmes codes ou des publics féminins (rapport au corps) ; « aller vers » et ne pas seulement « inviter à » ; entreprendre un travail de mise en lien des différentes structures (écoles, clubs, associations, collectivités, etc.) ; mixer des activités qui répondent aux attentes du public tout en proposant des activités nouvelles/inconnues ; transmettre des valeurs positives (respect, diversité, …) ; ne pas être soi-même discriminant.e (sur la performance, sur le genre, etc.).
  • Lancer des actions de sensibilisation et faire de la pédagogie auprès des familles sur la figure neutre de l’animateur.trice sportif.ve : ni un homme ni une femme mais un.e éducateur.trice avant tout. Certaines familles refusent en effet qu’un.e éducateur.trice du sexe opposé entraîne leur enfant.
  • Être dans une posture d’écoute pour faciliter l’intégration de tous. L’entraineur.e, l’éducateur.trice ou le.la dirigeant.e doit apprendre à être dans une posture d’écoute active et d’observation des comportements des publics qu’il.elle a sous sa responsabilité, en gérant les rapports de force et les tensions inhérentes à la vie de groupe.
  • Adopter une pédagogie explicative, consistant à dire ce que l’on va faire, à faire ce que l’on dit, à dire ce que l’on a fait et pourquoi. Autrement dit, placer la parole au centre des échanges en parallèle du langage corporel induit par la pratique sportive.
  • Organiser des actions communes entre service des sports et service politique de la ville : formation, élaboration d’outils de communication (guides, chartes, maison des animateurs.trices sportif.ve.s, etc.), réflexion sur l’organisation et le dialogue entre les services.

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