Un chemin prometteur brasse nombre de bonnes nouvelles et d’indices encourageants, de la tenue en France du plus grand évènement sportif mondial durant l’été 2024, non neutre sur le sujet de l’emploi, à une dynamique qui traverse aussi bien la branche du sport que les ministères du Travail et des Sports réunis, ou encore le mouvement sportif.
Un autre chemin déroule un tapis beaucoup plus accidenté, un « mur du réel » qui rappelle le difficile parcours des acteurs de terrain à se professionnaliser ou à pérenniser les emplois, ou bien les mesures d’économie qui touchent au sport comme à d’autres pans de l’action publique (comme par exemple le décret du 27 avril 2024, qui met fin à l'aide de 6 000 € accordée aux employeurs recrutant des jeunes de moins de 30 ans en contrat de professionnalisation après le 30 avril 2024).
Cette croisée des chemins est, en soi, l’illustration d’une marche en avant : le lien entre le sport, l’emploi et l’insertion professionnelle s’est fortement renforcé au cours des dernières années.
Le sujet de l’emploi sportif s’est considérablement « augmenté », les objectifs, les dispositifs et les acteurs qui l’entourent avec. S’il n’existe pas un écosystème « sport - emploi - insertion professionnelle », les acteurs qui gravitent sur ces champs ont noué des relations parfois ambitieuses et se reconnaissent des enjeux partagés et des intérêts croisés.
Qu’il s’agisse d’insertion dans le sport où le sport est directement vecteur d’emplois, de vocations et de trajectoires professionnelles, ou d’insertion par le sport où le sport constitue un support d’inclusion professionnelle tous secteurs, plusieurs dynamiques ont convergé et sont « à la manœuvre ».
Citons sans ordre ni exhaustivité :
- Les interventions et engagements de l’Etat, « historiques » et « renouvelées », avec des dispositifs publics « issus » du sérail sportif (comme SESAME, MétierScope), des politiques nationales orientées travail (par exemple à travers la dynamique Plan d’Investissement dans les Compétences) ou encore des engagements qui investissent le champ « nouveau » de l’insertion professionnelle par le sport : les clubs sportifs engagés en cours de labélisation par France Travail (objectifs 10 000), la feuille de route insertion par le sport d’insertion par le sport, et plus récemment l’alliance pour l’inclusion par le sport avec l’objectif de multiplier par 5 les bénéficiaires des actions d’insertion par le sport et la création de 1 000 emplois d’éducateurs socio-sportifs au sein de clubs sportifs engagés dans les 500 territoires identifiés comme prioritaires.
- La mobilisation de la branche professionnelle du sport, avec un travail de fond et d’actions initié à partir du Panorama de l’insertion professionnelle par et pour le sport, la mise en place d’un EDEC (engagement développement de l’emploi et des compétences, accord conclu entre l’Etat et la Branche, sur les Grands évènements et sur le Sport à vocation d’insertion), la construction de modules de formation « insertion par le sport » complémentaires aux diplômes cœurs de métiers de la branche, la création d’Appuis Conseils Insertion au profit des employeurs du sport avec l’Afdas recouvrant 2 volets: 1) accompagner les employeurs afin qu’ils soient à même d’assurer un atterrissage efficient dans l’emploi de nouveaux professionnels jusqu’alors fortement éloignés de l’emploi, et 2) accompagner les structures qui souhaitent agir et mener des démarches d’insertion professionnelle par le sport en assistant le portage d’une politique de financement des formations au bénéfice des personnes fortement éloignées de l’emploi ou en situation économique fragile.
- La montée en gamme des initiatives privées et porteurs de projets associatifs, renforcées dans leurs efforts par la volonté publique et celle de la Branche de mieux envisager, comprendre et structurer leur action, avec nombre d’acteurs issus du mouvement sportif et au-delà.
- La « lame de fond » des JOP de Paris, qui ont concilié une dynamique économique de fait (4 700 emplois directement mobilisés par Paris 2024, près de 85 000 par les prestataires et fournisseurs) à une action plus durable, pensée comme un héritage, orchestrée notamment à travers Impact 2024, qui aura nourri l’idée d’un sport contributeur positif pour la société au-delà de la seule pratique, et notamment sur le champ de l’emploi (entre autres via des actions comme Du stade vers l’emploi par France Travail, etc.).
Le mouvement sportif de plus en plus présent sur ces sujets, illustre sans doute mieux que d’autres la croisée des chemins, investissant des enjeux dont il voit bien qu’ils répondent aussi à la diversification et à la massification du sport, sans le conforter tout à fait sur ses missions premières. « La base », les clubs et les bénévoles, demandent qu’on les soutienne pour faire face à une « inflation des attendus » comme des défis sociétaux auxquels ils font face et que la récente période électorale a pu mettre en lumière.
Assurément, le bon « emploi sportif » sera celui qui prendra la roue des JOP tel qu’ils auront dynamisé le sport en France pendant plusieurs années, agitant la conception du sport pour mieux l’inscrire dans le quotidien des français, et lui conférant des responsabilités économiques, sociales et sociétales. Ces « nouveaux » engagements l’obligent à hauteur de sa valeur, pas toujours bien mesurée tant elle repose aussi sur l’engagement bénévole. Redonner de l’élan au modèle sportif français en conciliant sa force bénévole et sa professionnalisation, c’est sans doute une clé que les différentes ressources mobilisées et valorisées par Sport et Cités peuvent documenter et mettre en avant.